7 Avril 2014
Elle est née un 7 avril.
1915. Baltimore.
Un père guitariste de jazz. Absent. Sur les routes et dans les clubs.
Une mère jeune. Très jeune. Trop jeune.
Et elle, dont la vie débute sur les trottoirs, se prolonge en prison avant de trouver sur son chemin John Hammond et Benny Goodman.
La vie de Billie Holiday ressemble à ces destins scénarisés, parfaits pour un biopic au ciné.
Cette vie, fut la réalité. La sienne.
La gamine noire s'est métamorphosée en Lady Day. Une star du jazz. Et ces blessures d'âme qui jaillissent de sa voix. En 1935, tournée écourtée pourtant. La noirceur de sa peau lui interdit l'accès aux hôtels, aux restaurants... Star et victime d'un racisme ordinaire dans une Amérique qui cherche son identité.
Quatre ans plus tard, Abel Meeropol, jeune prof de lycée, écrit Strange Fruit pour elle. Métaphore du lynchage des noirs dont j'ai déjà parlé ici il y a quelques temps.
Hier soir, le film La couleur des sentiments défilait sous mes yeux. Je n'ai pas lu le livre de Kathryn Stockett, The Help. Mais en découvrant l'histoire de ces bonnes noires exploitées, dans l'Etat du Mississipi, la voix de Billie Holiday est revenue comme un écho. Et les paroles de cette chanson : "Scène pastorale du vaillant Sud, Les yeux exorbités et la bouche tordue, Parfum du magnolia doux et frais, Puis une soudaine odeur de chair brûlée"...
99 ans ont passé depuis sa naissance.
Billie Holiday aimait répéter que Strange Fruit était une chanson qui "permettait de faire le tri entre les gens bien et les crétins".
Nous sommes le 7 avril 2014.
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