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Le blog d'Eva Roque

Gueule de bois au soleil !

Gueule de bois au soleil !

Avec Benjamin on ne se connaît pas. Encore. Mais il est là. Toujours présent. Surtout depuis notre opé' Coupe du Monde. Il a intégré la Dream Team, m'a envoyé un chouette papier il y a déjà plusieurs jours.

Même rituel qu'avec les autres "inconnus" du virtuel, je lui ai demandé une petite présentation. J'ai vite compris que Benjamin avait sa place ici...

Réponse du garçon :

"Pour le préambule : (écrit à la troisième personne, tel César ou plus récemment Alain Delon)
Benjamin est journaliste (un peu), curieux (beaucoup) voyageur (passionnément) et incruste (à la folie). Du coup, il ne pouvait pas s'empêcher de mettre sa petite contribution sur le blog ! Après s'être exilé en Amérique, il a décidé de revenir en terres françaises, pour voir l'équipe de France triompher cet été au Brésil, entouré de tous ces compatriotes !"
 
Désolée Benjamin, la dernière phrase de cette présentation ne fonctionne pas.
Allez, on t'en veut pas. Et on te lit avec plaisir !
Ah... au fait... la dernière phrase de ton papier non plus ne fonctionne pas. Mais, ça c'est une autre histoire.
Eva

 

 

 

Viens, on déménage aux Antilles le 13 juillet 98

Peu de gens le savent – qu’est-ce que ça peut d’ailleurs bien leur faire - mais ce jour de finale mémorable, je le vis les fesses vissées entre deux cartons. Ce qui ne m’empêcha pas, loin de là, de découvrir le réel et insoupçonné intérêt du klaxon des voitures. Seule la télévision semblait pouvoir échapper aux trente jours de traversée de l’Atlantique, enfermée dans un cube cartonné, scotché à double tours. Il n’en fut rien, une fois le match fini, emballé c’est pesé.

Mais la beauté d’un tel souvenir, ce n’est pas tant la victoire, dont tout le monde se souvient et aura à cœur de témoigner, devoir de mémoire oblige, mais plutôt le lendemain de victoire. Celui où, contrairement aux millions de Français à l’heureuse gueule de bois, nous devions, nous, être frais et fin prêts à monter dans l’avion. 

Ce jour si particulier, où l’aéroport fut bondé de supporters, non pas venus nous dire adieu et bonne route pour cette nouvelle aventure, mais bel et bien présents pour remercier une dernière fois l’équipe brésilienne d’avoir apporté du baume au cœur chez nos compatriotes. Rendre Ronaldo souffrant le jour du match, il fallait y penser.

Déçus nous étions, de constater qu’à aucun moment ces gens étaient venus pour nous. Certes, nous ne partions qu’une année, et ma notoriété de l’époque – peu approfondie depuis, il est vrai - ne suffisait pas à remplir les unes de nos magazines peoples, mais quand même… un petit au-revoir aurait été des plus sympathiques.

Que nenni ! Nous l’avions bien cherché : au moment où tout un pays se réunissait à l’unisson pour fêter ces héros, nous étions bien les seuls balourds à quitter la métropole direction les Antilles ! Foutue promotion paternelle… Je voulais pourtant faire la fête avec mes amis, monter sur les épaules de mon grand frère et agiter un drapeau bleu-blanc-rouge sur les Champs en allant applaudir Zidane, encore inconnu à mes yeux, trois semaines auparavant. Il fallait que mes parents n’en fassent qu’à leur tête, privilégiant notre avenir à tous, plutôt que de participer à la grosse fiesta. Merci, vraiment merci.

J’avais 9 ans, j’étais petit, j’étais stupide : la preuve, je pensais quitter la France, pour rejoindre une île lointaine, totalement étrangère à l’ambiance idyllique qui régnait dans notre beau pays. Mais à 9 ans, on apprend vite.

On apprend par exemple que les Antilles c’est Français ! Qu’aux Antilles, on fête ces héros comme nulle part, qu’aux Antilles, le foot se joue systématiquement après les cours, sur une plage, dans un champ, sur le parvis de la mairie.

Ouf ! Le pire en sport comme dans la vie, c’est d’avoir des regrets ! Quel lendemain de victoire sensationnel j’ai vécu là-bas. Un lendemain que je garderai en mémoire toute ma vie, tant l’ambiance fut folle, surréaliste, passionnée… Et dire que mon nouveau voisin, rencontré ce jour-là et ayant le même âge que moi, me révèlera plus tard être d’origine brésilienne. Le pauvre, à aucun moment je ne l’ai ménagé. Dieu merci, il ne m’en a pas tenu compte et est devenu rapidement un bon camarade. Si bon qu’il acceptait de jouer le goal, contre moi et les autres :  nous ne nous gênions pas pour envoyer des cachous, toute proportion gardée, j’avais 9 ans...

Mais je n’en n’oublie pas pour autant la métropole. En ce lendemain de victoire, il fallait faire un choix.  Nous avions décidé de vivre cet évènement euphorique aux Antilles, lieu de notre nouvelle vie. Enfin, mes parents avaient décidé. Il a fallu suivre le mouvement. Au départ à reculons, au final avec envie et passion. Désormais, la Métropole me doit un lendemain de victoire. Ça tombe bien, je suis renté. …

Allez les gars, on y croit !

 

Benjamin (@benjibousquet)

 

 

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G
Sympatoche ce récit :-))
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