Complot, foot et sentiments

Suite de mes pérégrinations sur les écrans... Et 5 nouveaux conseils pour vous et que pour vous avec des séries déjà sorties depuis quelques mois, et d'autres qui viennent d'être mises en ligne.

L'équipe de la semaine est composée d'un aviateur, d'un footballeur, d'une comique, de pom-pom girls et d'une toxico... 

1. The plot against America (OCS)

Série adaptée d'un roman uchronique de Philip Roth. Une réécriture de l'histoire donc, en l'occurrence celle des Etats-Unis en 1940.

L'aviateur Charles Lindbergh, connu pour ses exploits mais aussi pour ses sympathies avec le régime nazi, est élu à la maison blanche face à Roosevelt.

Voilà pour le contexte.

Philip Roth choisit de décrire ce pan de l'histoire marqué par l'antisémitisme à travers le quotidien d'une famille modeste juive. Chaque membre du clan devient un observateur privilégié de la société américaine. Et réagit différemment face à la montée des régimes totalitaires.

L'Histoire passée au crible des petites histoires : celle du père pro-Roosevelt, de la mère exaspérée par les disputes politiques, des deux enfants (un ado et son petit frère de 9 ans), de la tante séduite par le rabbin lui-même séduit par les discours de Lindbergh, ou encore celle du cousin qui choisit de s'engager auprès des forces armées européennes pour combattre les nazis.

Une famille épicentre de tous les débats idéologiques du moment et qui ne va pas résister aux déchirements de l'histoire.

"The plot against America" (Complot contre l'Amérique) est une pépite. Notamment grâce au scénario et à l'adaptation de l'oeuvre de Philip Roth dont on retrouve l'esprit, une forme de lumière, une atmosphère si particulière. La reconstitution de l'époque est à ce titre remarquable. Le tout servi par un casting impeccable. Que demander de plus ? 

2. Feel Good (Netflix)

Nouvelle série Netflix pour ados et pour les éternels jeunes adultes que vous êtes. Attention, ça parle de sexe. Et de façon plutôt crue. Ne venez pas me faire un procès, je vous ai prévenus. 

"Feel Good" compte à ce jour 6 épisodes.

Une comédie romantique entre deux jeunes femmes : Maé, comédienne de stand-up, et Georgina, dite George, institutrice.

Les premiers jours de leur rencontre sont passionnels, intenses.

Maé a toujours revendiqué son homosexualité. George était hétérosexuelle jusque-là....

Et puis les questions existentielles apparaissent. Maé lutte contre une addiction à la drogue. George ne parvient pas à assumer socialement sa sexualité.

A travers les vicissitudes de ce jeune couple, la série pose un regard critique sur des problématiques sociétales abordées avec justesse et intelligence. Et surtout sans caricature.

"Feel Good" est un bouillon d'émotions avec ce qu'il faut d'humour et de scènes dramatiques. Un équilibre parfait porté par Maé Martin dans son propre rôle et qui excelle à chaque plan.

3. Cheer (Netflix)

Oui, je vous recommande une série DOCUMENTAIRE sur les pom-pom girls. Et ne faites pas le moue. Regardez le premier épisode, et on en reparle. 

En 6 épisodes, vous allez découvrir le quotidien d'une des meilleures équipes de Cheerleading universitaire des Etats-Unis, celle de Navarro dans le Texas.

Oubliez l'image de la pomp-pom girl un peu bécasse. Sur votre écran, ce sont des athlètes - filles et garçons - de haut niveau qui réalisent des acrobaties et voltiges dignes du Cirque du soleil. Un sport extrêmement dangereux qui pourrait vous valoir quelques sueurs à la vue de certaines figures.

J'ai beau être une fille du sud et avoir une légère tendance à l'exagération, ce n'est pas le cas présentement. 

Ces gamins, pour la plupart issus de milieu populaire, sont prêts à tout pour entrer dans l'équipe. Vingt jeunes durement sélectionnés pour porter les couleurs de l'université sous l'oeil sévère et bienveillant de Monica, leur coach qui les considère tous comme ses enfants. L'équipe de Navarro est d'ailleurs souvent leur seule famille, un moyen d'envisager l'avenir avec un peu d'espoir.

Netflix a le don de savoir produire ces séries documentaires rythmées à la fois par un suspens (l'équipe de Navarro va-t-elle gagner le championnat ?) et l'humanité qui se dégage de chaque personnage. A se demander si on ne regarde pas une série plutôt qu'un documentaire. Dans la même lignée, je vous recommande également sur la plateforme "Basket-ball or nothing".

Attention, ne tentez pas les acrobaties de Cheer chez vous ! C'est pas le moment de se blesser...

4. Euphoria (OCS)

Si vous évoquez cette série avec vos ados, vous risques de vous faire charrier en mode "QUOI ??? Tu connais pas Euphoria ?? T'es trop nul(le) !"

Euphoria, c'est le quotidien de lycéens américains. Un quotidien rythmé par l'alcool, la drogue et le sexe. Et les réseaux sociaux.

La narratrice et héroïne principale, Rue (Zendaya, parfaite dans ce rôle) ne parvient pas à sortir de la spirale infernale de la toxicomanie. Même son amitié avec Jules, jeune fille transsexuelle, ne parvient pas à la faire décrocher.

Une série noire dont la réussite tient à la construction des personnages qui révèlent, chacun à leur façon, les tumultes de l'adolescence, les questions d'identité et les tourments émotionnels.

Des thèmes récurrents dans les séries pour ados. Mais Euphoria a un truc en plus : une esthétique, une mise en scène travaillée... Le tout habillée par une bande-originale remarquable avec Drake, Beyoncé, Big data, Billie Eilish...

La première saison en 8 épisodes est disponible sur OCS. Une deuxième est attendue cette année.

5. The English Game (Netflix)

"The English game" vous embarque dans l'histoire du football moderne, à la fin du XIXème siècle en Angleterre. Un sport alors pratiqué par les gentlemen et autres aristocrates.

Sauf que dans les usines naissent les premières équipes. Comme à Darwen, au nord du pays. Le patron d'une usine de textile et coach de l'équipe James Walsh décide de recruter deux joueurs, Fergus Suter et Jimmy Love. Des joueurs payés pour venir renforcer une formation, du jamais vu !

L'objectif est clair : démontrer que la classe ouvrière peut bousculer les riches sur un terrain, que les conditions sociales n'ont pas droit de cité quand il est question de ballon.

Le foot à l'heure de la démocratisation et de la professionnalisation n'est plus qu'un prétexte à raconter les pouvoirs de domination dans cette Angleterre de fin de siècle, et la lutte des classes qui structurent la société.

"The English game" s'impose comme une fresque historique basée sur une histoire réelle - Fergus Suter a été un immense joueur de foot - faisant la part belle également à une forme de romanesque avec lot de rencontres amoureuses.

En clair, si vous n'aimez pas le foot, ne boudez pas cette série créée par Julian Fellowes à l'origine d'une autre fiction recommandable "Downton Abbey".